♦ Jours et horaires d’ouverture de la cathédrale :
SUR ORDRE DE L’AUTORITÉ PRÉFECTORALE, DANS LE CADRE DU PLAN VIGIPIRATE LA CATHÉDRALE EST FERMÉE DE 12H À 13H30 ET LES DIMANCHES APRÈS-MIDI
Du 1er novembre 2024 au 31 mars 2025, la cathédrale est ouverte de 8h à 12h et de 13h30 à 17h15, tous les jours de la semaine. De 8h à 12h le dimanche (fermé le dimanche après-midi)
► Visite guidée de la cathédrale Notre-Dame et son clocher → Office de tourisme de Rodez
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♦ Visite spirituelle de la cathédrale
Vous qui lisez ces lignes, vous allez visiter, ou avez probablement visité, la cathédrale de Rodez. Nous vous proposons de la regarder d’une manière un peu particulière en nous attardant sur le sens et le but de sa construction et de ses différents aménagements au cours des siècles, soit sa façon de dire la foi et la spiritualité chrétiennes. Les interprétations que nous vous présentons sont personnelles, il en existe bien d’autres possibles. Elles visent avec humilité à vous accompagner dans la richesse et le mystère de notre belle cathédrale. Bonne visite !
La première impression que suscite en nous la cathédrale de Rodez nous est offerte par ses volumes. En effet, ils sont énormes, comparés à la petitesse de notre ville : 102 mètres de long, plus de 30 mètres de haut sous les clefs de nef, une largeur de 37 mètres dans l’axe du transept et 87 mètres d’élévation au couronnement du clocher. Une question légitime s’impose : pourquoi une telle ampleur ? Tout simplement parce que la cathédrale est l’église de l’évêque, le lieu où l’évêque préside et rassemble l’Église diocésaine : le bâtiment doit donc être en mesure de contenir tout le diocèse.
Et pourquoi une telle hauteur ? Lorsqu’on regarde le chœur, notre regard s’élève, attiré par les lignes verticales et par la lumière. La cathédrale a pour but de réunir les chrétiens du Rouergue pour leur permettre de rencontrer Dieu, d’élever leur cœur, leur âme, vers le Seigneur.
La première pierre de la cathédrale a été posée en 1277 sur l’emplacement d’un groupe existant au VIe siècle et d’une cathédrale romane, dont l’effondrement du clocher nécessita une reconstruction intégrale. En raison des problèmes financiers, dus à la guerre de Cent ans, aux épidémies, ou encore à la scission du diocèse, les travaux se sont étendus sur trois siècles, et pourtant l’unité de l’ensemble est exceptionnelle. Les bâtisseurs ont commencé par l’abside et progressé, travée par travée. Ainsi, le clocher, érigé à la fin du XIVe, a été repris après un incendie et achevé pour sa partie haute au XVIe siècle. La construction du mur du fond a mis un point final à l’ensemble sous François d’Estaing, en 1526.
En général, on pénètre dans la cathédrale par le côté Nord : à Rodez, il n’y a pas d’ouverture au fond de la nef, comme dans la plupart des églises, car elle a été bâtie sur la fortification. Tout de suite en entrant, on rencontre le baptistère qui nous rappelle que de même qu’on est entré dans cette église, on entre dans l’Église, la famille des chrétiens, par le sacrement du baptême. Il est la porte qui nous permet d’entrer dans la vie chrétienne. La cathédrale évoque cette vie chrétienne, cette foi chrétienne, le Dieu des chrétiens, mais elle évoque aussi – c’est là l’originalité d’une cathédrale – l’histoire de l’Église diocésaine. Elle l’évoque en particulier à travers son mobilier.
Nous avançons vers une première chapelle, la chapelle de l’Annonciation et St-Arthémon (martyr à Rome). On y trouve l’Annonciation, moulage d’une œuvre de la fin du XVe siècle aujourd’hui conservée dans l’église d’Inières (12). Agenouillée, Marie prie devant la Bible. L’ange Gabriel vient lui poser la question dont Dieu l’a chargé, à savoir si elle accepte d’être la mère du Messie. C’est là que tout commence pour nous autres chrétiens. Dans cette œuvre très classique, notre attention est attirée par la Bible. Aujourd’hui, Dieu s’adresse à nous non plus par l’intermédiaire d’un ange, mais de manière habituelle, à travers la Bible, sa Parole que nous pouvons entendre à l’occasion des sacrements et que nous pouvons lire et méditer seul ou avec d’autres. En face de la chapelle, voici le sarcophage de saint Naamas, diacre du premier évêque de Rodez, saint Amans. On a donc d’un côté, le début de notre foi chrétienne avec l’Annonciation, et de l’autre le commencement de notre Église.
Le mur qui fait face à la chapelle Sainte-Anne nous mène de l’Annonciation à la Rédemption, à travers une magnifique déposition de croix, nous redisant ainsi l’unité des deux mystères. Cette œuvre de toute beauté date du début du XVe siècle et provient de l’atelier de sculpture de Belcastel (Aveyron).
Les anges portent les instruments de la passion de Jésus, de sa flagellation et de sa crucifixion. Les hommes déposent le corps dans le tombeau. Ne pouvant supporter la vue de son corps martyrisé, l’un d’eux détourne le regard. Les saintes femmes joignent leurs mains et saint Jean les croise sur sa poitrine pour demander son aide à Dieu. Marie-Madeleine les lève au ciel, s’interrogeant sur la raison d’un tel drame. La Vierge Marie est littéralement couchée contre le corps de son fils, elle ne fait qu’un avec lui. Dans un ultime geste de tendresse elle approche ses lèvres de son visage. Cette sculpture n’exprime-t-elle pas tous les sentiments qui s’emparent de nous face à la mort d’un proche ? D’autre part, les visages traduisent une certaine paix, une certaine sérénité, comme s’ils annonçaient avant l’heure la résurrection de celui qu’ils aiment et pleurent.
Nous avons dit qu’une cathédrale raconte l’histoire du diocèse. Elle évolue au fil de l’histoire : ici, du XIIIe siècle jusqu’à nos jours. Réalisés de 2004 à 2007, les vitraux de Stéphane Belzère choquent certains visiteurs par leurs couleurs fortes, vives, formant de gros pavés qui contrastent avec les petits losanges d’autrefois. Pourtant, si l’on prend le temps de les observer, on se rend compte qu’ils sont d’une richesse catéchétique extraordinaire. La partie supérieure de tous ces vitraux héberge une coupe sagittale du cerveau par laquelle l’artiste a voulu représenter Dieu. C’est un choix intéressant : saint Paul ne dit-il pas que le Christ est la tête du corps que constitue l’Église ?
Le premier vitrail, Le Songe de Booz, nous montre l’arbre de Jessé : Booz voit en rêve cet arbre qui annonce la venue de Jésus. Surtout, il nous livre son arbre généalogique, nous disant par conséquent que Jésus est né dans une famille, dans un peuple possédant une histoire. Parmi ses ascendants, on reconnaît Adam et Ève, Abraham et Sarah, David et Salomon, Joseph et Marie, des ancêtres glorieux et des individus qui ont du sang sur les mains, tel David. Jésus se révèle ici à la fois profondément humain et profondément divin. C’est la continuité de l’Annonciation avec l’incarnation de Dieu en humanité qui nous est expliquée en l’espace de quelques pas.
En face de la chapelle Sainte-Catherine, se déploie une fresque de la vie de saint Éloi. Datant d’environ 1460, ancêtre de la bande dessinée, elle nous rappelle que toute la cathédrale était peinte autrefois, comme en attestent de multiples traces. Ces peintures avaient un but décoratif et catéchétique. Nombreux à l’époque, les illettrés pouvaient, en déchiffrant les images, découvrir la vie des saints et les mystères de la foi chrétienne. En avançant nous rencontrons trois vitraux : Les Saints au ciel, La Chute des anges (tous deux évoquent l’apocalypse, la fin des temps) et La Création du monde. Sur le premier, à droite, on distingue dans un ciel clair, lumineux, des hommes et des femmes, ainsi que des saints reconnaissables à leurs attributs, qui s’élèvent vers la divinité, vont habiter la gloire de Dieu. Chaque personne est appelée à trouver le plein accomplissement et l’épanouissement de sa vie, de sa personne, en Dieu. Tel est le salut que Jésus est venu nous apporter.
Dans La Chute des Anges, c’est l’inverse. L’ange est placé en haut, et l’éloignement de Dieu est manifeste. Autant d’un côté, les hommes et femmes montent vers Dieu, autant de l’autre ils s’en éloignent en tombant dans un bleu de plus en plus profond, où les êtres se confondent : plus personne n’est reconnaissable, plus personne n’existe en soi. C’est un retour au magma initial, au chaos absolu, où les corps sont abîmés, déchiquetés, c’est le retour au néant. Quand l’homme nie Dieu ou le refuse, il va vers le rien, vers le vide.
Le quatrième vitrail représente la Création. En bas, le magma initial ; en haut, toujours la représentation de Dieu ; au milieu, la montée de la Création, une croissance, une ascension, mais avec des embryons de vie. Ces embryons ne sont pas très beaux, car la vie embryonnaire n’est pas très belle, pas plus que la fin de vie. Cependant, quel que soit notre état, le seul fait d’exister nous vaut l’amour de Dieu et nous donne à ses yeux une dignité absolue. C’est ce qui implique le respect de la vie depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle. Toute la Création aspire à la divinité, elle est aspirée vers la divinité. La vie existe parce que Dieu l’a voulue, et toute vie est tournée vers Dieu, elle chante sa louange et attend son accomplissement en lui.
On peut admirer dans le chœur, sur l’Autel-Majeur, une très belle Vierge à l’Enfant (XIVe-XVe), également dite « Vierge à l’Oiseau ». Marie porte sur son bras l’enfant Jésus, qui tient sur sa main gauche un oiseau, probablement un chardonneret ou un rouge-gorge, un oiseau dont le plumage est marqué de rouge. Il le montre à sa mère, dont il caresse la joue, de la main droite. Les ailes de l’animal sont déployées, comme en croix : l’Enfant Jésus évoque par là sa propre mort, il signifie à Marie qu’il est venu au monde afin de donner sa vie pour le salut de l’humanité sur la croix. Cette statue symbolise l’Incarnation, avec la présence de Jésus enfant, et la Rédemption, avec cet oiseau qui évoque la mort.
Devant l’autel, le tombeau du Bienheureux François d’Estaing rappelle que ce grand évêque du diocèse, qui a fait construire le clocher, était très proche et très aimé de son peuple, en particulier des pauvres.
Dans le chœur, le grand nombre de stalles, exécutées entre 1468 et 1478, traduit l’importance numérique du clergé aveyronnais dans le passé.
La chapelle Saint-Joseph renferme le vitrail le plus ancien de la cathédrale. Il représente saint Pierre, muni de ses clefs, et saint Paul, reconnaissable à son épée. Quand il a été restauré, l’artiste a inversé les panneaux, raison pour laquelle les deux saints se tournent le dos, au lieu de se regarder. Cet incident nous redit involontairement que, dans les Actes des Apôtres, les deux hommes étaient souvent en désaccord. Saint Pierre était un homme soucieux, garant de la tradition, et saint Paul l’homme de l’ouverture à la modernité et aux païens. Ils sont les deux piliers de l’Église, deux piliers indispensables. Aujourd’hui encore, les différends et les contestations montrent bien que l’Église a toujours avancé et qu’elle avance encore, parfois en boitant, sur les deux jambes que sont la tradition et l’ouverture.
La chapelle contient aussi les tombes de trois évêques : Mgr Franqueville du début du XXe siècle, Mgr Bourrat (+1991) et Mgr Ghirard (+2013). Leurs styles respectifs montrent combien notre Église a évolué vers plus de simplicité et d’humilité. Le fait d’enterrer les évêques dans les fondations de la cathédrale nous rappelle qu’ils sont les successeurs des apôtres, eux-mêmes fondations de notre Église.
Dans l’abside, la chapelle de Cantorbe, par laquelle a débuté la construction de la cathédrale, est ornée, sous la nef, d’un Christ Pantocrator et d’une magnifique table d’autel, posée contre le mur. Datant de l’an Mille, elle occupait déjà le chœur de l’ancienne cathédrale romane. C’est sur cette pierre d’autel, dont les pieds en colonnes avec leurs chapiteaux sont en dépôt au musée Fenaille, que François d’Estaing a célébré.
Dans la chapelle de Notre-Dame des Indes, on peut admirer une représentation de Notre Dame de Guadaloupe, apparue à un Indien en Amérique Latine. Cette toile, rapportée du Mexique en 1683 par un prêtre dominicain, témoigne de l’élan missionnaire qui a profondément marqué notre diocèse. Il a été l’un des diocèses de France à avoir donné le plus de missionnaires au monde. Sur tous les continents, il y a eu des missionnaires aveyronnais.
Contre le mur de la sacristie du Chapitre se trouve un puits. L’eau était autrefois utile non seulement pour les célébrations, mais aussi en cas de siège : nous sommes en effet dans un lieu fortifié. Le clocher abrite, quant à lui, un four à pain.
Le chœur latéral Nord présente trois vitraux de Stéphane Belzère. En premier lieu, L’Église de Rodez au cours du temps. Stéphane Belzère, à qui l’on avait demandé de représenter notre Église, a eu un véritable coup de génie. Il a mis en scène sainte Agnès, saint Blaise, saint Amans, saint Martial, Isaïe et Jérémie sur un fond bleu ponctué de neurones or, couleur qui symbolise Dieu dans l’iconographie chrétienne. Un neurone seul ne sert à rien, ce n’est que dans la relation entre les différents neurones que se crée l’intelligence, que le cerveau devient efficace. De même, un chrétien seul ne peut rien, c’est parce que nous sommes reliés les uns aux autres par Dieu (symbolisé par l’or) que l’Église peut devenir sacrement (c’est-à-dire signe efficace) de Dieu dans le monde.
Le deuxième vitrail, La Transfiguration de la chair ou Résurrection , nous frappe par son extraordinaire force. Le rouge sang monte en dégradé jusqu’au doré, la divinité, symbolisant la re-Création en partant d’un magma initial vers la divinité. C’est cela, la Résurrection : tout notre être est appelé à entrer en divinité, à devenir Dieu. Comme le dit Saint Irénée, « Dieu s’est fait homme pour que l’homme soit fait Dieu. » La résurrection de la chair, c’est la résurrection de tout ce qui en moi a été amour : mes mains, mes lèvres, mes paroles, mon regard ont pu être amour au cours de ma vie, c’est tout cela qui est « recréé » et qui entre en divinité, en Dieu.
Enfin, Les Sacrements. Le fond est doré, signe de Dieu. Sur ce fond, se détachent des globules rouges, la vie, et des mains qui font des signes. C’est la vie de Dieu qui nous est donnée par les sacrements. Qu’est-ce qu’un sacrement ? C’est un signe qui dit plus que lui-même et qui est efficace, qui accomplit ce qu’il dit. Par exemple, le signe de l’eau versée sur la tête d’un enfant dit son entrée dans la famille des chrétiens, ainsi que son union forte et intime à la mort et à la résurrection du Christ. Ce signe est efficace, car il fait de cet enfant un membre de l’Église et le marque à tout jamais de la résurrection du Christ. L’eucharistie, représentée par l’hostie, est au cœur de notre vie et des sacrements. En haut du vitrail, on distingue les mains du Christ en croix : tous les sacrements découlent de sa mort et de sa résurrection. Les sept sacrements sont signifiés dans le langage des signes. À chaque sacrement est associé le geste des mains du célébrant, et le langage des sourds-muets.
L’orgue (1628-1630) nous parle de la louange, de la prière et de l’Église, parce qu’un orgue, ce sont des milliers de tuyaux différents qui chantent en harmonie grâce au souffle. De même, l’Église est constituée de femmes et d’hommes différents qui chantent la louange de Dieu, par leur voix et par leur vie, en harmonie grâce au souffle de l’Esprit-Saint. Sur le buffet de l’orgue de la cathédrale, on reconnaît Marie entourée de saint Amans, premier évêque de Rodez, de saint Martial, évangélisateur de la région, des anges, de sainte Cécile, patronne des musiciens, et de David, auteur des psaumes et grand musicien. En haut, l’Assomption de Marie.
En face de l’orgue, le jubé, édifié entre 1468 et 1478, a été déplacé après le concile de Trente pour ouvrir le chœur à l’assemblée et accroître la participation des baptisés. Depuis le milieu du XVIe siècle, il y a deux chœurs, le chœur paroissial et le chœur des chanoines.
Sur le coté sud de la nef, la chapelle de l’Agonie au Jardin des Oliviers renferme une œuvre du XVe siècle d’une grande beauté. On y voit Jésus en prière dans le jardin des oliviers face à l’ange qui lui présente la passion qu’il va vivre, tandis que les apôtres dorment, comme le dit l’Évangile. Quelle est la prière de Jésus à ce moment-là ? « Père, si c’est possible, que cette coupe s’éloigne de moi. Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » Nous avons ici, le cœur et l’essentiel de la prière chrétienne. « Que ta volonté soit faite », comme le dit le Notre Père. Toute prière chrétienne ne devrait-elle pas se résumer pas à cette phrase, à cette recherche de la volonté divine ?
On remarque, dans la chapelle, la statue d’une grande figure du diocèse, sainte Émilie de Rodat, exécutée par Denys Puech en 1936. Après la Révolution, Émilie, issue d’une grande famille de la noblesse de Villefranche-de-Rouergue, renonça à une vie confortable pour devenir l’institutrice des filles pauvres de la ville, elle se mit au service des prisonniers et des filles perdues.
On peut admirer dans la chapelle suivante, celle du Saint-Sépulcre, l’un des joyaux de la cathédrale, le retable (1523) . Il a été commandé par le chanoine Gaillard Roux, qui désirait, avant de mourir, se repentir de sa vie dissolue.
Les visages sont admirables. Ils nous montrent que, face au deuil, tous les êtres sont égaux et qu’ils vivent tous la même expérience : l’abandon, la terreur de la séparation. Nous avons là le drame de la mort, le drame d’une mère qui met son fils au tombeau. Le visage de Jean, qui tient la couronne d’épines, est très marquant, tout comme ceux des saintes femmes, dont Marie Madeleine , autour de la Vierge.
De chaque côté de Jésus, on remarque Joseph d’Arimathie, qui porte le linceul, et Nicodème. Les personnages portent des costumes de théâtre du XVIe siècle , détail intéressant, car quand on lit l’Évangile, on imagine, on met en scène, on y met de soi-même. L’Évangile parle toujours à notre vie, à notre quotidien de manière différente et renouvelée.
La résurrection, qui les surmonte, est représentée par plusieurs tableaux. À gauche, Jésus, descendu au pays des morts, est allé chercher les premiers défunts, Adam et Ève. Au milieu, il se tient devant Marie Madeleine qui le prend pour le jardinier. À droite, l’artiste a représenté saint Thomas, qui n’a pas réussi à croire sans avoir vu, mais qui est le premier à reconnaître que Jésus est Dieu. Au-dessus, nous voyons Jésus sortir du tombeau au matin de Pâques.
Tout le mystère de la Rédemption nous est offert ici, ainsi que notre possible chemin de foi.
La clôture de la chapelle nous offre un élément intéressant. On y voit l’Ecce homo, Jésus présenté au peuple par Pilate, et à côté : des Sybilles. Il y en avait douze, il n’en reste plus que quatre. Pourquoi des Sibylles ? Ce sont des prophétesses païennes. Quand les apôtres ont voulu évangéliser les Juifs, ils ont cherché dans la Torah, dans les prophètes, les annonces de la venue de Jésus. En terre païenne, les pères de l’Église, les successeurs des apôtres creuseront la tradition philosophique de chaque pays à la recherche de traces de l’annonce du Messie. Cette démarche est très instructive. Elle signifie que , pour annoncer l’Évangile à quelqu’un, il faut partir de ses attentes, de sa tradition, de sa culture, de ce qui compte pour lui.
La cathédrale possède, du coté nord de la nef, une chapelle dédiée à l’ange gardien. Cette dévotion (la fête de l’ange gardien est fixée le 2 octobre) est, en effet, née en Aveyron. Elle a été créée par le Pape, après l’intercession de François d’Estaing, répondant à la demande du curé d’Arjac, petit village près de St-Cyprien. Que nous dit la figure de l’ange gardien ? Dieu n’aime pas l’humanité comme un troupeau anonyme, mais il aime chacun de nous, personnellement, pour ce qu’il est et tel qu’il est. Afin de nous le signifier, Il dit à chacun d’entre nous : « Je te consacre un des êtres célestes qui m’entourent, il veillera sur toi. » Cette fête témoigne de l’amour que Dieu a pour chacun d’entre nous.
Nous achevons notre parcours dans la chapelle du Saint-Sacrement. Elle possède une architecture exceptionnelle : un plafond à caissons de pierre Renaissance et une voûte quasiment plate, ce qui est un exploit pour l’époque. La chapelle renfermait les reliques. Aujourd’hui, on y conserve le Saint Sacrement, c’est le lieu de prière et de recueillement de la cathédrale.
Cher visiteur, nous vous invitons à vous arrêter un instant dans cette chapelle. À en apprécier la beauté, la fraîcheur et le silence. Dans ce silence, vous pouvez rencontrer Dieu qui est la beauté absolue et qui rafraîchit nos cœurs en les comblant de son amour, de sa tendresse. C’est pour lui que cette cathédrale a été bâtie et qu’elle a été décorée d’innombrables joyaux. Elle dit l’amour des Aveyronnais pour le Dieu de Jésus Christ et elle invite tous ceux qui la parcourent à élever leur cœur vers Celui qui est seul capable de le combler et de le sublimer. Que cette visite soit, pour vous, une source de grâces. – Père Jean-Luc BARRIÉ
Merci à Nathalie Bauer pour sa participation à la rédaction, à Alain Druilhe pour les photographies et Jean-François Peiré (DRAC LRMP) pour les photos des vitraux de Stéphane Belzère
Vous trouverez ce texte dans le livret ‘VISITE SPIRITUELLE DE LA CATHÉDRALE’ ⇓